Le groupe revient finalement à 17h30 avec l’information que
le prochain vol part à 7h demain.
Donc, après la tentative infructueuse du lundi soir, place à l'espoir.
7h, 8h, … 11h30, décollage 12h et départ pour Port Vila sans
aucune communication entre Santo et Port Vila, nous allons enfin pouvoir
rentrer.
Arriver à Port Vila, nous découvrons des groupes de
L’UNICEF, de l’ONU et de différentes ONG en partance pour Tana. Nous demandons
le prochain vol pour Nouméa et surprise nous apprenons qu’un vol Air Calin est
parti il y a 2h ! Pourtant notre avion est parti de Vila vers Santo pour
ramener des gens de Santo vers Vila. Mais nous apprenons que les journalistes
étaient à l’arrivée et que donc il ne fallait pas le retarder, le prochain Air
Calin est prévu vendredi... Air Calin ayant déjà fait l’effort de se poser sur
la piste de Port Vila en « mode militaire » en l’absence de balise de
fin de piste ou équivalent. Au passage Air Vanuatu ne se pose pas de question
et redémarre ces vols.
Dans notre délire de ressortissant d’une puissance comme la
France, nous nous disons que l’ambassade a une personne à l’aéroport pour
attendre les français de Vila.
Personne. Pas grave nous essayons d’appeler l’ambassade en
sympathisant avec un bagagiste local. Pas de tonalité, lignes surchargées.
Tentative sur l’Alliance Française et nous nous signalons à la jeune fille du
bar qui passe le message à l’ambassade.
Nous prenons un taxi avec nos restes de monnaies (pas de
distributeur disponible sur Santo depuis jeudi) et direction l’ambassade.
Sur le trajet nous voyions l’ampleur des dégâts et je
constate qu’il n’y a pas de différence entre une femme et un cyclone, elle
arrive chaude et humide et repart avec ta voiture et ta maison…
A l’arrivée, nous nous signalons et joie et surprise de leur
part, nous sommes en bonne santé et nous avons pu rejoindre Port Vila alors que
pour eux pas de vol. La personne de l’ambassade me demande des nouvelles d’une
Isabelle avec un autre nom que celui de Zaza. Je luis dis que je ne sais pas et
je me fais engueuler car je suis censé dormir chez elle ? Passons, je
comprends le hiatus et hallucine un peu.
Perdu, le personnel de l’ambassade, très aimable nous
demande un point sur la situation à Santo car ils n’ont aucune nouvelle depuis
le cyclone (officiellement nous sommes la 5ème puissance mondiale)
alors que nous avons vu plusieurs personnes avec des téléphones satellites
qu’ils ne prêtaient pas ce qui se comprend, deux paquebots et un hélicoptère
sans compter notre vol de retour… Je rassure en disant qu’il n’y a pas de
blessé expatrié. Nous demandons alors comment nous allons rentrer. Petit ange
passant avec un sourire et réponse merveilleusement logique : Air Vanuatu
est à gauche et Air Calin est à droite. En clair, on se débrouille à la
française en mode système D, l’ambassade ne gère pas cela.
Passons sur la douche froide, nous nous croyions américain
ramené au pays et nous nous retrouvons français ex-puissance mondiale en
déliquescence qui nous dit de nous démerder. Deuxième question puisque rien ne
vient, où allons nous dormir. Réponse merveilleusement logique : il y a
des hôtels ouverts. Mais nous devons partir demain matin à 4h30 pour
l’aéroport. Donc nous allons peut être loger dans l’aéroport dans une salle.
Pas possible selon elle, il y a le couvre feu à 18h et pas de lumière là bas.
Donc que faisons nous ? Après insistance nous réussissons à nous faire loger par la Croix Rouge dans une maison financée par le Rotary club pour personnes âgées handicapées. Parfait me direz vous, non compte tenu du prix de 2500 Vatu par personne (soit le prix moyen des chambres communes en ville). Nous n’avons plus d’argent.
Donc que faisons nous ? Après insistance nous réussissons à nous faire loger par la Croix Rouge dans une maison financée par le Rotary club pour personnes âgées handicapées. Parfait me direz vous, non compte tenu du prix de 2500 Vatu par personne (soit le prix moyen des chambres communes en ville). Nous n’avons plus d’argent.
Débat et échange amène un don de 5000 VATU et un sac de
rations (avec du nougat et du chocolat !!) pour nous 6 et une offre
généreuse de la Croix Rouge pour son bâtiment sans eau chaude ni électricité,
vide de surcroit.
Arrivée sur site et la responsable nous dis faire un cadeau
à l’ambassade en nous logeant, d’habitude le bâtiment abrite des jeunes filles
pour 2500 VATU la nuit car le projet initial a mis tellement de temps que les
personnes âgées prévues sont mortes. Et si je suis la logique, tous les vieux
de Port Vila…
Le Rotary appréciera l’usage
de son don pour faire une auberge de jeunesse pour jeune fille.
Dernière discussion sur le transport vers l’aéroport, et là
nous nous faisons renvoyer de personne en personne jusqu’au gardien de nuit qui
nous est vendu comme débrouillard. Il nous trouve un mini bus pour le matin il
est vrai mais pour 25 dollars, le prix normal de la course. Merci l’ambassade
pour le réseau de contact et d’obligé. Heureusement que j’avais gardé un petit
pécule de 28 dollars US au cas où et que le reste du groupe a encore de la
monnaie.
Finalement nous décollons et arrivons à Nouméa par nos
propres moyens et notre débrouillardise.
Pour ceux comme moi qui pensait vivre la prise en charge et
l’accompagnement vendu par leur ministre, perdu. Pour ceux qui pensait que nous
étions organisé et structuré, perdu. Pour ceux qui pensait que le monde se
soucie des Ni-Vanuatu, perdu, deux paquebots et même pas un message échangé,
mais c’est normal pas de caméra ni de publicité pour la compagnie donc inutile.
Pour aider un peu,
une radio amateur avec une petite batterie et une antenne pour un
investissement de 500 € permet d’émettre de Santo vers la France. Alors rester
5 jours sans communication laisse un peu pantois.
Pour monsieur Fabius qui pilotait le projet personnellement
(voir article en lien), je mets un mot dans son évaluation annuelle pour une
formation sur l’organisation mais un satisfecit sur la capacité à communiquer
et se mettre en avant en laissant les autres dans la merde. Merci !
