samedi 28 mars 2015

Comment nous avons quitté Santo et le Vanuatu

Le groupe revient finalement à 17h30 avec l’information que le prochain vol part à 7h demain.
Donc, après la tentative infructueuse du lundi soir, place à l'espoir.

7h, 8h, … 11h30, décollage 12h et départ pour Port Vila sans aucune communication entre Santo et Port Vila, nous allons enfin pouvoir rentrer.


Arriver à Port Vila, nous découvrons des groupes de L’UNICEF, de l’ONU et de différentes ONG en partance pour Tana. Nous demandons le prochain vol pour Nouméa et surprise nous apprenons qu’un vol Air Calin est parti il y a 2h ! Pourtant notre avion est parti de Vila vers Santo pour ramener des gens de Santo vers Vila. Mais nous apprenons que les journalistes étaient à l’arrivée et que donc il ne fallait pas le retarder, le prochain Air Calin est prévu vendredi... Air Calin ayant déjà fait l’effort de se poser sur la piste de Port Vila en « mode militaire » en l’absence de balise de fin de piste ou équivalent. Au passage Air Vanuatu ne se pose pas de question et redémarre ces vols.

Dans notre délire de ressortissant d’une puissance comme la France, nous nous disons que l’ambassade a une personne à l’aéroport pour attendre les français de Vila.
Personne. Pas grave nous essayons d’appeler l’ambassade en sympathisant avec un bagagiste local. Pas de tonalité, lignes surchargées. Tentative sur l’Alliance Française et nous nous signalons à la jeune fille du bar qui passe le message à l’ambassade.
Nous prenons un taxi avec nos restes de monnaies (pas de distributeur disponible sur Santo depuis jeudi) et direction l’ambassade.
Sur le trajet nous voyions l’ampleur des dégâts et je constate qu’il n’y a pas de différence entre une femme et un cyclone, elle arrive chaude et humide et repart avec ta voiture et ta maison…
A l’arrivée, nous nous signalons et joie et surprise de leur part, nous sommes en bonne santé et nous avons pu rejoindre Port Vila alors que pour eux pas de vol. La personne de l’ambassade me demande des nouvelles d’une Isabelle avec un autre nom que celui de Zaza. Je luis dis que je ne sais pas et je me fais engueuler car je suis censé dormir chez elle ? Passons, je comprends le hiatus et hallucine un peu.

Nous passons alors à la phase retour à Nouméa. Je viens de lire sur Internet à l’Alliance Française que Laurent Fabius gérait personnellement nos retours et qu’un avion militaire avait rapatrié 6 français. Génial nous sommes 6 et nous avons croisé d’autre français, notre pays va s’occuper de nous. 
Perdu, le personnel de l’ambassade, très aimable nous demande un point sur la situation à Santo car ils n’ont aucune nouvelle depuis le cyclone (officiellement nous sommes la 5ème puissance mondiale) alors que nous avons vu plusieurs personnes avec des téléphones satellites qu’ils ne prêtaient pas ce qui se comprend, deux paquebots et un hélicoptère sans compter notre vol de retour… Je rassure en disant qu’il n’y a pas de blessé expatrié. Nous demandons alors comment nous allons rentrer. Petit ange passant avec un sourire et réponse merveilleusement logique : Air Vanuatu est à gauche et Air Calin est à droite. En clair, on se débrouille à la française en mode système D, l’ambassade ne gère pas cela.

Passons sur la douche froide, nous nous croyions américain ramené au pays et nous nous retrouvons français ex-puissance mondiale en déliquescence qui nous dit de nous démerder. Deuxième question puisque rien ne vient, où allons nous dormir. Réponse merveilleusement logique : il y a des hôtels ouverts. Mais nous devons partir demain matin à 4h30 pour l’aéroport. Donc nous allons peut être loger dans l’aéroport dans une salle. Pas possible selon elle, il y a le couvre feu à 18h et pas de lumière là bas.
Donc que faisons nous ? Après insistance nous réussissons à nous faire loger par la Croix Rouge dans une maison financée par le Rotary club pour personnes âgées handicapées. Parfait me direz vous, non compte tenu du prix de 2500 Vatu par personne (soit le prix moyen des chambres communes en ville). Nous n’avons plus d’argent.
Débat et échange amène un don de 5000 VATU et un sac de rations (avec du nougat et du chocolat !!) pour nous 6 et une offre généreuse de la Croix Rouge pour son bâtiment sans eau chaude ni électricité, vide de surcroit.
Arrivée sur site et la responsable nous dis faire un cadeau à l’ambassade en nous logeant, d’habitude le bâtiment abrite des jeunes filles pour 2500 VATU la nuit car le projet initial a mis tellement de temps que les personnes âgées prévues sont mortes. Et si je suis la logique, tous les vieux de Port Vila…
 Le Rotary appréciera l’usage de son don pour faire une auberge de jeunesse pour jeune fille.
Dernière discussion sur le transport vers l’aéroport, et là nous nous faisons renvoyer de personne en personne jusqu’au gardien de nuit qui nous est vendu comme débrouillard. Il nous trouve un mini bus pour le matin il est vrai mais pour 25 dollars, le prix normal de la course. Merci l’ambassade pour le réseau de contact et d’obligé. Heureusement que j’avais gardé un petit pécule de 28 dollars US au cas où et que le reste du groupe a encore de la monnaie.


Finalement nous décollons et arrivons à Nouméa par nos propres moyens et notre débrouillardise.



Pour ceux comme moi qui pensait vivre la prise en charge et l’accompagnement vendu par leur ministre, perdu. Pour ceux qui pensait que nous étions organisé et structuré, perdu. Pour ceux qui pensait que le monde se soucie des Ni-Vanuatu, perdu, deux paquebots et même pas un message échangé, mais c’est normal pas de caméra ni de publicité pour la compagnie donc inutile.
 Pour aider un peu, une radio amateur avec une petite batterie et une antenne pour un investissement de 500 € permet d’émettre de Santo vers la France. Alors rester 5 jours sans communication laisse un peu pantois.
Pour monsieur Fabius qui pilotait le projet personnellement (voir article en lien), je mets un mot dans son évaluation annuelle pour une formation sur l’organisation mais un satisfecit sur la capacité à communiquer et se mettre en avant en laissant les autres dans la merde. Merci !


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